vendredi 4 octobre 2024

tempête

 (→ dans la tempête qui nous porte, p. 51; → noce, p. 11)

Snow Storm - Steamboat off a Harbour's Mouth
(Tempête de neige - Bateau à vapeur
au large de l'embouchure d'un port
)
par William Turner


« We pledge to fight “blue-sky thinking” wherever
we find it. Life would be dull if we had
to look up at cloudless monotony day after day. »¹
Manifesto of the Cloud Appreciation Society

« Du tief in meine Seele Greifender,
Mein Leben wie ein Sturm Durchschweifender »²
Friedrich Nietzsche





Dans mon recueil dans la tempête qui nous porte, comme on peut s’y attendre la tempête et nombre de ses attributs (le vent, la pluie, la neige, la bourrasque) se retrouvent  dans plusieurs textes.
Or c’est ici la tempête non comme un inconvénient de notre petit quotidien, mais la tempête comme magnifique manifestation exacerbée du monde, comme brute symphonie de la nature, qui émerveille, qui éblouit comme une épiphanie, la tempête qui nous saisit, s’infuse en nous, jusqu’à ce que nous en fassions partie.


Et puis, sans la tempête, que seraient Les quatre saisons de Vivaldi, que serait la Symphonie pastorale de Beethoven, que serait « le calme après la tempête », que serait la « tache rouge » de Jupiter, cet ouragan vieux de plusieurs siècles, et que deviendrait, pendant ces jours glacés d’hiver, le plaisir d’entendre et de voir le vent et la neige frapper dans leur chaos crissant et blanc les fenêtres bien closes, à l’abri chaud de nos murs ?

1  –  « Nous nous engageons à lutter contre le “diktat du ciel bleu” partout où nous le trouvons. La vie serait ennuyeuse si jour après jour nous devions nous contenter de la monotonie d’un ciel sans nuages. »
2  –  « toi qui pénètres au fond de mon âme,
            toi qui traverses ma vie comme une tempête »

jeudi 16 mai 2024

confitures

    On peut confier des secrets, mais peut-on aussi les confire, les joindre à quelque chose qui va permettre leur conservation, comme des fraises dans du sucre pour en faire de la confiture ? C’est cette question plutôt surréaliste qui m’a incité à composer ce sonnet. Ici donc je le confie… euh… confie ? confit ?…

confitures

nous confirons d’ardents secrets
dans le sucre et le miel doré
pour les garder toujours si beaux
qu’aux jours verdis d’anciens printemps

nous confirons les étés bleus
pour qu’ils adoucissent l’hiver
lorsque le vent glacé nous mord
et que la nuit tombe si tôt

nous confirons le souvenir
des jeux des rires et des chants
des jours heureux et insouciants

nous confirons les mots d’amour
sur le papier au parfum d’encre
pour que toujours ils soient vivants

 

photographie de Pixabay modifiée (source : Pexels)

vendredi 26 avril 2024

journée du poème à porter

photographie de Pixabay modifiée (source : Pexels)
       Hier, le jeudi 25 avril 2024, c’était la  journée du poème à porter.

    « La Journée du poème à porter, c’est l’occasion de propager la poésie, d’affirmer fièrement son amour de la poésie, de faire en sorte qu’elle soit partout, qu’elle aille à la rencontre de gens pour qui la poésie ne fait pas nécessairement partie du quotidien. »

La poésie partout         
       Bien que cette journée soit passée, rien ne nous empêche de continuer à diffuser la poésie autour de nous.
      Il existe plusieurs façon de le faire. Je vous en suggère une : choisissez un poème que vous aimez particulièrement et apprenez-le par cœur, lisez-le cinquante fois à haute voix s’il le faut, assimilez-le, sachez-le, intimement, sachez-le à tel point qu'il devienne comme vos propres mots, votre propre voix, que vous portez en vous, puis quand l'occasion se présente, dites-le à quelqu’un, dites-le spontanément, dites-le comme si vous le disiez pour la première fois, comme s'il naissait sur vos lèvres.

mercredi 4 octobre 2023

au creux d’un vieil arbre (2)



    Je retourne parfois voir le vieil arbre dont je parle dans un précédent article et au creux duquel s'épanouissait un étonnant microcosme. Voici donc à gauche une photographie récente, prise au même endroit plus d'un an après la première. Bien sûr, les saisons ont passé et l'hiver a balayé ces éphémères existences, mais de nouvelles ont vu le jour, se sont développées, en un nouveau fragile poème… Eh oui, la vie continue.

lundi 7 août 2023

récital de poésie (2)

    Un nouveau récital de poésie a récemment eu lieu au café La Mosaïque, organisé par le Projet Orpheüs. Encore deux heures agréables où nous avons eu le plaisir d’entendre non seulement des poèmes mais également des chansons et de la musique. Les participants ont aussi eu l’occasion d’écrire des poèmes à deux et de composer tous ensemble des cadavres exquis, textes qui ont ensuite été lus devant le public.
    Mais… des « cadavres exquis » ? c’est quoi ça ?
    Un cadavre exquis est un texte (ou un dessin) créé par plusieurs personnes qui chacune à son tour en écrit (ou dessine) une partie sans voir ce que les autres ont fait auparavant. Ça donne des résultats plutôt surréalistes !

Un cadavre exquis par Valentine Hugo, André Breton, Tristan Tzara et Greta Knutson

    Pour en savoir davantage sur les cadavres exquis, cliquez ici.

mardi 25 juillet 2023

récital de poésie (1)

    Hier en fin de journée, le café La Mosaïque à Lévis accueillait un récital de poésie organisé par le Projet Orpheüs. Ce furent deux heures très agréables. Les nombreux poètes présents ont fait entendre leurs voix à travers une belle variété de textes et nous avons aussi eu droit à une chanson. J’ai moi-même dit quelques-uns de mes poèmes, ainsi que À un vieil arbre de Pamphile Le May (qu’on peut lire dans l’article au creux d'un vieil arbre (1)) et La mort des amants de Charles Baudelaire, que voici :

«                    La mort des amants

    Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères,
    Des divans profonds comme des tombeaux,
    Et d’étranges fleurs sur des étagères,
    Écloses pour nous sous des cieux plus beaux.

    Usant à l’envi leurs chaleurs dernières,
    Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux,
    Qui réfléchiront leurs doubles lumières
    Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.

    Un soir fait de rose et de bleu mystique,
    Nous échangerons un éclair unique,
    Comme un long sanglot, tout chargé d’adieux ;

    Et plus tard un Ange entr’ouvrant les portes
    Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
    Les miroirs ternis et les flammes mortes.     »

Der Kuss (Le baiser) par Gustav Klimt

samedi 3 septembre 2022

au creux d’un vieil arbre (1)

« To see a World in a Grain of Sand    
And a Heaven in a Wild Flower,    
Hold Infinity in the palm of your hand    
And Eternity in an hour. » 
William Blake, Auguries of Innocence  


    Voici à gauche, au creux d’un vieil arbre, l'un de ces étonnants microcosmes où prolifère la vie : mousses, champignons, petites pousses… sans oublier tous ces minuscules êtres vivants qu’on ne voit pas, mais qui sont là, par milliers, par millions, dans le mystère de leur discret cantique.

    Un concours d’écriture dont l’un des buts est de célébrer la nature, et l’arbre en particulier, Écrire l'arbre - Concours public d’écriture, invite « à soumettre un texte consacré à un arbre réel qui pousse sur le sol québécois et avec lequel vous entretenez un lien privilégié, ou que vous souhaitez spécialement mettre en valeur. » On demande aussi de joindre une photographie de l'arbre en question.
    Les personnes intéressées ont jusqu’au 1er décembre 2022 pour soumettre leurs textes. J’ignore si ce concours se répétera au cours des années suivantes. Pour davantage d'informations, cliquez ici.


     Voici d'ailleurs un poème dédié à l'un de ces trois mille milliards d'arbres qui peuplent notre Terre :

«                                À un vieil arbre

Tu réveilles en moi des souvenirs confus.
Je t’ai vu, n’est-ce pas ? moins triste et moins modeste.
Ta tête sous l’orage avait un noble geste,
Et l’amour se cachait dans tes rameaux touffus.

D’autres, autour de toi, comme de riches fûts,
Poussaient leurs troncs noueux vers la voûte céleste.
Ils sont tombés, et rien de leur beauté ne reste;
Et toi-même, aujourd’hui, sait-on ce que tu fus ?

Ô vieil arbre tremblant dans ton écorce grise;
Sens-tu couler encore une sève qui grise ?
Les oiseaux chantent-ils sur tes rameaux gercés ?

Moi, je suis un vieil arbre oublié dans la plaine,
Et, pour tromper l’ennui dont ma pauvre âme est pleine,
J’aime à me souvenir des nids que j’ai bercés.     »

Pamphile Le May


    Et pour terminer, de Georg Friedrich Händel écoutons cet air magnifique qui chante la douceur de l'ombre d'un arbre : « Ombra mai fu ».

sur YouTube

dimanche 24 juillet 2022

canicule

(→ dans la tempête qui nous porte, p. 81)

    Sous le ciel bleu d’été, voici venue la canicule, pesante, engluante de sueur et d’odeurs¹. On vit au ralenti, on cherche l’ombre, on s’hydrate, et les climatiseurs qui ronronnent, jour et nuit. Mais… d’où vient ce mot, canicule ?
    Hé bien, sans surprise, le mot vient du latin, de canicula, qui signifie « petite chienne » (on y reconnaît canis (« chien ») et le suffixe ‑cule, associé à l’idée de petitesse, comme dans pellicule (
« petite peau »), particule (« petite partie »), forficule (« petits ciseaux ») etc.).
    Alors ? bien beau tout ça mais quel lien entre une période de chaleur extrême et une petite chienne (qui a chaud oui, mais ni plus ni moins que vous et moi) ?
    Pour comprendre, remontons le temps, remontons jusqu’à l’antiquité et allons faire un petit tour sur les rives du Nil un matin d’été très particulier. À l’aube de ce jour, on peut enfin apercevoir pour la première fois de l’année, l’étoile Sopdet  se lever juste avant le Soleil. Cet événement astronomique, le lever héliaque de Sopdet, coïncide avec le début de la crue du Nil, pendant la période la plus chaude de l’année.
    L’étoile Sopdet, ou en grec Σῶθις (Sothis), se nomme aujourd’hui Sirius, du grec Σείριος (Seirios, signifiant « ardent »), qui était le nom du chien d’Orion dans la mythologie. Or Sirius, l’étoile la plus brillante vue de la Terre (après le Soleil), se trouve dans la constellation du Grand Chien, proche de la constellation d’Orion. Dans la même région du ciel se trouve aussi la constellation du Petit Chien.

    Et c’est ainsi que, par un concours des circonstances astronomiques, hydrologiques, climatiques, mythologiques et… linguistiques bien sûr, le mot canicule en est venu à désigner une période de chaleur extrême.

1  –  d’un autre côté, la canicule peut offrir une caressante sensation, comme dans le poème luciole
         (→ dans la tempête qui nous porte, p. 66; → noce, p. 33).

lundi 13 juin 2022

une odeur de menthe

« Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :    
Mais l’amour infini me montera dans l’âme » 
Arthur Rimbaud, Sensation   


    Juin, un dimanche après-midi. Je roule en vélo
¹. Après avoir longé le terrain de golf sur Saint-Omer, je tourne à gauche sur des Forts. Ici, on se sent un peu à la campagne. La vue est assez dégagée à droite, ça donne l'occasion de contempler tous ces magnifiques cumulus au loin, bien blancs sous le soleil.

    Au bout de trois kilomètres, je croise deux voies ferrées et, presque aussitôt, à droite, voici la piste cyclable que je cherchais, celle qui passe dans les bois et les champs. Je m'y engage. La ville semble bien loin sur ce mince chemin entre les arbres…

    Mais, après quelques minutes… c'est quoi ce bruit, cette rumeur, ce grondement ? et, bizarre, il fait plus chaud… ah, j'ai saisis : on va passer au-dessus de l'autoroute 20, sur la passerelle Harlaka (quelle bonne idée cette passerelle ! merci à celles et ceux qui l'ont pensée et réalisée). Toutefois je ne comprends pas pourquoi autant de cyclistes s'arrêtent là… « Pour regarder passer les chars pis les trucks ? Pour sentir la bonne odeur des exhausts ? Coudon ! vous vous ennuyez-tu tant que ça du trafic ?! »

    Je continue. Le bruit de l'autoroute disparaît. Voici de nouveau la petite forêt, avec cette soudaine fraîcheur de l'air. Je m'arrête, débarque, enlève mon casque. Ça sent la menthe, la pénombre du sous-bois se mêle à la lumière, les oiseaux chantent, les insectes, tout bruisse… Ah ! tant de vie ! tant de vie !!

1  –  pour voir la route suivie et quelques photographies prises sur la piste cyclable, cliquez ici

lundi 31 janvier 2022

souviens-toi ces étés d’autrefois

(→ dans la tempête qui nous porte, p. 86)

« О моя юность ! о моя свежесть ! »¹
Nicolas Vassiliévitch Gogol, Les âmes mortes   

illustration tirée de
Half Hours with Insects
par A. S. Packard Jr.
    On habitait alors juste en haut des escaliers rouges, en haut de la falaise, avec vue sur le fleuve, sur Québec et son fameux Château Frontenac. J’avais deux ans, cinq ans, dix ans. Belles années. L’été, le gazon pas souvent tondu poussait assez long pour être plein de pissenlits et de sauterelles. Et ça bourdonnait d’abeilles et de taons et de mouches et de je ne sais pas tous leurs noms, des centaines, des milliers d’insectes foisonnant
dans l’herbe et dans l’air.

l'auteur à 10 ou 11 ans
par Louise Carrier
    On habitait en haut de la falaise donc. Quand on jouait au baseball, la partie se terminait immanquablement par une balle perdue dans le cap. En fait, ce qu’on appelait le cap, c’était la bande boisée en pente entre notre terrain et la  falaise rocheuse. À partir d’un certain âge, mon frère et moi on avait le droit de jouer dans le cap, à condition de ne jamais approcher du bord, l’endroit où ça coupait presque à la verticale.   

paysage (détail) par Sesshū Tōyō
    Le cap était plein d’arbres de cerises à grappes. Notre mère disait souvent que les meilleures, c’étaient les  noires (les très mûres); mais quand nous prenait l’envie d’en manger, pensez-vous qu’on attendait que ça mûrisse ?… noires, rouges foncé, rouges vif, on ratissait large, on en mangeait par dizaines et on recrachait les noyaux en les soufflant comme d’une mitraillette; à la fin, on avait les dents recouvertes d’une couche pâteuse jaune brun, et on riait en se regardant les dents, nos amis, mon frère et moi. Dans le cap, il poussait aussi des érables négondo (ou érables à Giguère). On faisait des arcs et des flèches avec des branches. Pour les flèches, on prenait des petites branches vertes qu'on pelait après en avoir d’abord entamé la peau avec nos dents; je me souviens que ça goûtait vert.

    Et bien des années plus tard, voilà une bribe de ces souvenirs qui ressurgit, dans un tout petit poème proche d’un haïku².

1  –  « Ô ma jeunesse ! ô ma fraîcheur ! »
2  –  poème comptant trois vers de cinq, sept et cinq syllabes

samedi 29 janvier 2022

enfance

    Il y a bien des années, quand mes enfants étaient petits, je leur racontais des histoires le soir avant qu’ils s’endorment (comme beaucoup de parents le font, évidemment). Parfois je lisais ces histoires dans des livres, ou d'autres fois, j’en inventais. Et souvent, les enfants voulaient réentendre les mêmes histoires – « papa, raconte-nous l’histoire du petit écureuil qui trouva une montre » ou « papa, raconte-nous l’histoire de la petite fille qui aimait les pommes » ou « papa, raconte-nous l’histoire de la brosse à dents minou » –, alors papa racontait l’histoire du petit écureuil qui trouva une montre, ou lhistoire de la cuiller des voisins, ou lhistoire du pyjama qui marchait tout seul

un peu de l'enfance de l'auteur
    Aujourd’hui papa n’a plus souvent l’occasion de raconter des histoires à des enfants qui s’endorment, mais le soir, lui pour s’endormir, il lui faut encore une histoire; alors, même s’il est deux heures du matin, ou même s’il a un peu bu et que de toutes façons il va s’endormir dans cinq minutes, il prend un livre, l’ouvre, et comme un enfant doucement il se laisse emporter par les mots… et s’endort…

vendredi 28 janvier 2022

comme un chien

(→ dans la tempête qui nous porte, p. 22‑25; → cinq poèmes à dire, p. 16‑17, 26‑27)

Hounds or Gone to Ground par John Emms

« Je me coucherai sur la terre,     
Et je dormirai comme un chien ! » 
Charles Baudelaire, Le vin de l’assassin   

« Lo tems vai e ven e vire      
Per jorns, per mes e per ans,     
Et eu, las no.n sai que dire,     
C’ades es us mos talans.     
Ades es us e no.s muda,     
C’una.n volh e.n ai volguda,     
Don anc non aic jauzimen. »¹
Bernart de Ventadorn   


    Évidemment la poésie n’est pas que doux sentiments, meubles luisants et parfums fleuris. Relisez le poème Une charogne de Baudelaire, avec « Le soleil rayonnait sur cette pourriture », avec « Et le ciel regardait la carcasse superbe / Comme une fleur s’épanouir. / La puanteur était si forte, que sur l’herbe / Vous crûtes vous évanouir. » Ou ces autres vers des Fleurs du mal : « Si vous la rencontrez, bizarrement parée, / […] / Traînant dans les ruisseaux un talon déchaussé ». Et on pourrait continuer.
    Je me souviens quand notre chatte Onyx était en chaleur, il y avait cinq ou six matous autour de la maison (ça grimpait jusque sur le toit; en pleine nuit,
on pouvait soudain apercevoir un chat dehors le nez collé sur la vitre d’une lucarne). Vraiment pour eux ils n’y avaient que ça ! Et ils pissaient un peu partout, sur les arbres, sur les galeries, sur les portes, même chez les voisins (qui n’appréciaient vraiment mais vraiment pas !). Et elle savait s’y prendre Onyx pour les faire languir, en allant jusqu’à s’asseoir au sommet du poteau de corde à linge (comment voulez-vous qu’un chat s’y prenne !? inquiétez-vous pas, elle va redescendre). Parfois on en voyait un obtenir enfin ce qu’il voulait. Et le lendemain l’heureux élu, apaisé, avait disparu. Mais ça ne s’arrêtait là, non, allez ! au suivant ! Puis une fois la fête terminée, le calme revenait et, peu de temps après, la petite bedaine d’Onyx commençait à grossir. Les humains eux… pas besoin de faire un dessin… parfois ils sont comme des chats, comme des chiens… entièrement gouvernés par leurs émotions…
    Pour conclure, une remarque technique : comme le poème tout’ tourn’ traité dans un précédent article, comme un chien adopte à quelques détails près la forme ballade.

1  –  « le temps va et vient et vire / par jours, par mois et par ans / et moi hélas je ne sais quoi dire / il demeure le même mon désir / il demeure le même et ne change pas / je la veux comme je la voulais / elle avec qui jamais je n’ai joui »

mercredi 19 janvier 2022

brindille

(→ dans la tempête qui nous porte, p. 58‑59; → noce, p. 16‑17)

« Des mauvaises herbes, ça n’existe pas. Ce sont des jardiniers racistes qui ont inventé ça. » 
Catherine Leroux, Le mur mitoyen   

    Connaissez-vous WALL‑E, ce héros éponyme d’un film d’animation, ce petit robot qui travaille infatigablement à ramasser des déchets sur une planète Terre devenue un immense dépotoir, pendant que l’humanité (ce qui en reste (au sens propre et au figuré)) tourne en orbite ? Et un jour, WALL‑E découvre une plante, oh à peine plus qu’une brindille, mais quel émerveillement !

La route

(→ dans la tempête qui nous porte, p. 38‑41; → Forficules et autres nouvelles, p. 11‑14)

    Imaginez un paysage hivernal. Une immensité blanche et glacée. Et dans cette immensité blanche et glacée, dans l’horizon qui se perd, imaginez une auto au loin qui roule, – approchons, rattrapons-la – une vieille auto grinçante, une vieille auto dans laquelle – entrons – dans laquelle ça sent la cigarette, cette bonne odeur associée à une idée de refuge à l’abri du froid – on est dans les années 70 et c’est comme ça dans les années 70 – oui, on enlève ses gants ou ses mitaines, on enlève sa tuque et on s’en allume une, et ça fait du bien, sauf que… à vrai dire cette auto n’est pas du tout un refuge, non… vous voulez savoir ? Pourtant, ça avait bien commencé entre elle et lui, ah les jours bénis des amours naissantes où coulent le miel et le lait, où l’on  se régale de pommes et de gâteaux aux raisins… Pardon, je m’égare… venons-en aux faits…

photographie de J. Petersson modifiée (source : Pexels)

    Donc qu’est-ce qui se passe dans cette auto où ça sent bon la cigarette et même un peu la bière ? – car pourquoi se priver quand on en est là ? – Hé bien il se passe que lui il continue, il continue à la tyranniser, encore, toujours. Et comment ? Il parle, tout simplement. Il ne lui montre même plus son poing comme autrefois, ni un tournevis, ni une pelle, car évidemment, pour asseoir le pouvoir de son verbe, il a… mais vous comprenez, donc pas besoin d’étaler des descriptions sordides de violence domestique – j’aurais pu utiliser le mot « conjugale » mais « domestique » est plus révélateur de l’éventail de ses violences… Ainsi elle, elle marche sur des œufs, depuis quoi ? dix ans ? quinze ans ? dans la peur évidemment, car elle ne fait plus que ça, avoir peur… elle ne se souviens que trop de tous les… Bon, c’est assez, arrêtons nous ici.

    La nouvelle originale se terminait par : « L’automobile repartit rageusement, s’éloigna, disparut. » Quoi ? il s’en tire à si bon compte ? auriez-vous dit. Alors des années plus tard, j’ai ajouté quelques paragraphes : « L’automobile avait dérapé » et cætera. Mieux valait le punir, peut-être, pour que les lecteurs et lectrices ne soient pas désappointés, qui sait, fâchés même. Eh oui, comme dans les films, ça fait du bien à la fin quand le méchant paye pour ses fautes et que la victime en ressort grandie.

mercredi 12 janvier 2022

« C’était un après-midi d’été. […] »

(→ dans la tempête qui nous porte, p. 88; → « C'était un après-midi de printemps. […] » sur le web)

    Un jour d’été (ou de printemps selon le texte sur le web), en traversant un terrain vague en arrière dun centre dachat, j’ai découvert des œufs de pluvier kildir (cest évidemment parce que jai vu le parent oiseau que jai su que cétait des œufs de pluvier kildir).
    J’y suis retourné peu de temps après avec une de mes filles : elle voulait voir les œufs. Heureusement que j’avais pris des repères : à tant de pas d’un tronçon asphalté interrompu, etc. Donc je sais où regarder, mais je ne vois rien… c’est un peu comme « où est Charlie ? », on les a en pleine face et on ne les voit pas. Ma fille et moi on continue à regarder, à chercher, à scruter le sol, on regarde, on regarde… et subitement
oui ! ils apparaissent, les voilà ! trois petits œufs tachetés presque invisibles parmi les cailloux. Ma fille est contente, c’est peut-être la première fois qu’elle voit des œufs comme ça dans la nature, des œufs qui ne sont pas des œufs de poules achetés à l’épicerie, et moi-même je nen ai pas vus souvent.
    Eh oui donc, la vie peut manifester sa beauté un peu partout. Autre cas, au printemps 2021 des bruants familiers on fait leur nid sous mes fenêtres. On peut les voir et les entendre dans la vidéo ci-dessous.

Bruants familiers au nid

    Et voici un des oisillons, une fois quil a quitté le nid, perché dans un lilas.

Bruant familier  –  juvénile

qu’est-c’ ça m’fout

(→ dans la tempête qui nous porte, p. 12‑17; → cinq poèmes à dire, p. 12‑13, 21‑23)

      «     —  Oh, yeah ? What do I want ?
—  You don't know what you want ? Sure you do, Bob. You know what you want.
—  Tell me. Tell me what I want.
—  To see the sky – and the ocean – to be topside – breathe the air – to be with her… Isn't that right ? Isn't that what you want ?
—  More… than… anything.     »
David Peoples et Janet Peoples, Twelve Monkeys

    Parfois certains événements nous rappellent la brièveté de la vie et le temps qui passe, évoqués par tout un florilège de dictons (souvent en latin pour paraître inébranlables) et de poèmes, du genre TEMPVS FVGIT¹, ou VVLNERANT OMNES VLTIMA NECAT², du genre « Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices, / Suspendez votre cours : / Laissez-nous savourer les rapides délices / Des plus beaux de nos jours ! »³, alors on se dit, on se répète CARPE DIEM⁴… CARPE DIEMCARPE DIEM


    Et puis un soir d’hiver, quand là-bas de l’autre côté du fleuve glacé, les innombrables lumières de la ville brillent comme du satin, resplendissantes d’un visage caché en leur sein… toi, à la fenêtre de ton salon, dans l
obscurité, tu sirotes un p’tit whisky, et la musique va et vient comme une vague, et les souvenirs remontent, et tu te reverses un verre, et tu te dis que ce serait trop… que non tu ne vas pas prendre un taxi et débarquer là à minuit et demi comme un anachronisme… alors tu saisis un stylo, du papier, et tu griffonnes, tu griffonnes tout ça, tout ce que tu lui dirais, tu griffonnes pour que renaisse un peu de sa présence… tandis que le reste, le ciel bleu, le champagne, l’opéra, l’art et la poésie, la droiture, oui ce qui est beau, ce qui est bon, ce qui est convenable, qu’est‑c’ ça peut t’foutre !?… tu veux juste être avec, pour toucher la douceur de sa joue, pour sentir à nouveau le parfum de sa peau.

1  –  le temps fuit
2  –  elles blessent toutes, la dernière tue (en parlant des heures)
3  –  Alphonse de Lamartine, Le lac
4  –  saisis le jour

mercredi 5 janvier 2022

Forficules

(→ dans la tempête qui nous porte, p. 34‑35; → Forficules et autres nouvelles, p. 7‑8; → Chantage aux forficules sur le web)

Vue de Québec par André Garant
© Succession André Garant
    Dans les années 80, le Québec a fait connaissance avec les perce-oreilles (aussi nommés forficules). Ils devaient bien se trouver là auparavant mais c
est à cette époque que leur présence en s’accentuant est devenue pour beaucoup un véritable problème (et pour certains une menace, une source d’anxiété, un enjeu de santé publique, un risque économique, un fléau, bref la onzième plaie d’Égypte). On entendait dire que les perce-oreilles étaient arrivés par bateau dans le port de Québec (comme la peste dans le port de Marseille en 1720).

    Dans notre voisinage, deux vieilles dames, des sœurs célibataires qui redoutaient plus que tout ces choses grouillantes qui pouvaient pénétrer chez elles, leur livraient une guerre acharnée qui consistait à écraser les envahisseurs dans tous les racoins autours de la maison, les buissons, les tours de portes, les tours de fenêtres, les moindres craques du solage, et bien sûr, à envoyer une généreuse giclée de savon à vaisselle préventif sur le seuil de la porte de la cave. Si vous les aviez entendues ! elles en parlaient avec une ardeur révulsée, et argument massue pour justifier l’hécatombe : « Pis en plus, c’est tellement lait’ ! »

    Pourtant chez nous, avec les enfants qui jouaient dehors : ça entre, ça sort, la porte toujours ouverte et… jamais vu un perce-oreille à l’intérieur.

    Alors un bon jour, assis devant ma machine à écrire, j’ai commencé à taper cette histoire. Dans mon élan créateur, je devenais ce narrateur (entrant dans la peau du personnage comme un acteur au théâtre je suppose), cet éleveur de perce-oreilles vraisemblablement dérangé et plus ou moins affabulateur. Je parlais des forficules avec – comment dire ? – avec tendresse. Et comme écrivain, je m’offrais du bon temps avec cette histoire amusante et loufoque.

    La nouvelle a été publiée d’abord en 1991 dans la revue XYZ sous le titre Chantage aux forficules. Grand événement pour moi, une première publication. Le montant d’argent obtenu a été tout juste suffisant pour se payer un peu de bouffe pour un pique-nique dans le parc du quartier, ma blonde, nos enfants et moi. 

    Quelques années plus tard en relisant ce texte, j’ai pris conscience avec étonnement qu’à travers ce récit franchement dingue avait percé une valeur très importante, le respect de la vie sous toutes ses formes, quand le bienfaiteur anonyme écrit « les gens sont si méchants, ils ne respectent rien, même plus la vie » et lorsqu’il conclut : « Oublie-t-on que ce sont des créatures du bon Dieu, comme vous et moi ? »

P.‑S. – J’ai eu l’idée d’envoyer cette histoire sous forme de lettre au maire de ma ville. Mais je ne l’ai pas fait, de peur que la plaisanterie soit mal interprétée. Je ne voulais quand même pas être poursuivi pour tentative d’extorsion, menace à la sécurité publique, que dis-je, pour bioterrorisme !

vendredi 31 décembre 2021

tout’ tourn’

(→ dans la tempête qui nous porte, p. 10‑11; → cinq poèmes à dire, p. 10‑11)

 « Νῦν χρῆ μεθύσθην »¹
Alcée de Mytilène   

    Le poème tout’ tourn’ est le premier texte de mon premier recueil, recueil le plus vendu à ce jour. Étant peut-être ainsi le plus lu, il mérite bien un article.

    La première version, écrite vers 1990, commençait par
      « Entrons ! entrons dans la gargote

         Nous fêterons jusqu’à demain […] »,

mais pour un poème genre chanson à boire, ça me semblait manquer de naturel. Ici au Québec, est-ce que j’inviterais quelqu’un à prendre un coup en lui disant « nous fêterons jusqu’à demain » ? Non. D’abord parce quand je parle j’utilise le pronom « on » plutôt que le pronom « nous », et puis parce que le futur simple, « fêterons »… en fait, vous savez bien, dans notre environnement oral québécois (peut-être ailleurs je ne sais pas), une phrase affirmative exprimant le futur est construite avec le présent du verbe « aller » suivi de l’infinitif du verbe à conjuguer (« on va fêter »), alors que la phrase négative utilise
pourtant sans problèmes le futur simple (« on fêt’ras pas »); puis finalement quand le futur simple est utilisé dans une phrase affirmative, ça ressemble plutôt à un ordre, à un impératif futur (« tu f’ras l’ménage de ta chambre »)… un peu bizarre.
    Donc le début du poème est devenu
      « entrons ! entrons don da’an gargote

         on va fêter là jusqu’à d’main […] ».

De meesterdronk (Le maître buveur)
(détail) par Adriaen Brouwer

    Pas facile de refléter la prononciation québécoise dans un texte écrit. Entre autres, les nombreuses contractions qui créent des diphtongues ou des syllabes longues posent problème : comment les transcrire ? Par exemple dans le premier vers, « da’an » est une contraction de « dans la ». Avoir seulement supprimé « la » me semblait inapproprié puisque le son réellement entendu est un peu étiré par rapport à « dans ». J’ai donc opté pour « da’an » qui me semble plus exact (le soulignement indique qu’il n’y a qu’une seule syllabe, mais plus longue). Autres difficultés, les nombreux cas d’élisions (parfois à l’intérieur des mots comme dans « d’main »), ou même les inversions, comme « ej » à la place de « je ». J’ai donc souvent délaissé la norme orthographique pour prioriser la réalité orale, si importante dans la poésie. 

    Autre caractéristique, tout’ tourn’ adopte la forme ballade (mais pas tout à fait dans la dernière strophe). La ballade est une forme fixe à quatre strophes, très utilisée il y a quelques siècles, notamment par Christine de Pisan et par François Villon. Chaque strophe se termine par un vers identique, c’est le refrain. La quatrième strophe, l’envoi, est plus courte et commence par une apostrophe. Ce type de poème présente trois rimes, agencées ainsi sur les quatre strophes :
        ABABBCBC  ABABBCBC  ABABBCBC  BCBC
².
    Les trois rimes utilisées dans tout’ tourn’ sont en « otte », en « in » et en « oule ». À remarquer que les mots en « otte » (ou « ote ») ont souvent ici une connotation triviale alors que ceux en « oule » évoque le mouvement ou le changement.

    Petite anecdote : pour le quatrième vers de la deuxième strophe, je me suis amusé à énumérer des noms de boissons d’une seule syllabe en faisant exprès pour que ce soit très difficile à prononcer,

      « bièr’ rhum gin cidr’ kirsch scotch schnaps vin »;

effectivement c’est difficile – allez-y, essayez ! et sans bafouiller…

    Or donc, ma quatrième strophe ne respecte pas tout à fait la forme ballade. C’est voulu. Au moment où le « rêve s’écroule », la forme s’écroule : le troisième vers de cette strophe n’a que quatre syllabes et sa rime est en « oule » (elle devrait être en « in »), et le mot « rien » du premier vers rime avec rien (le quatrième vers est manquant) (quoiqu’une rime interne en « in » au milieu du deuxième vers rétablit un certain équilibre).
 

    Ouf ! tout ça est peut-être bien intéressant mais… oublions cette mécanique interne, laissons nous entraîner, tournebouler par la poésie, comme par une musique qui vibre dans l’air affranchie de la partition, oui, allons…
      « entrons ! entrons don da’an gargote

         on va fêter là jusqu’à d’ma
in

         qu’on rie qu’on braille ou qu’on radote

         tant pis… pourvu q’nos verr’ soient pleins

         […] »

Herberg met dronken boeren (Paysans ivres à l’auberge) par Adriaen Brouwer

1  –  « c’est maintenant qu’il faut s’enivrer »
2  –  il y a différents types de ballades; il s’agit ici de la plus simple

dimanche 26 décembre 2021

cygne noir

(→ dans la tempête qui nous porte, p. 82‑83)
« RARA AVIS IN TERRIS NIGROQVE SIMILLIMA CYCNO »¹
Juvénal, Satire VI   

    Le texte cygne noir ? Une bribe de récit venu on ne sait d’où, allant on ne sait où, un lambeau de logorrhée frénétique fonçant à bride abattue à travers les méandres de la pensée; et pas de virgules, pas de points, non merci ! juste des mots garrochés au fil de l’imprévu, de l’improbable. Bon mais quand même ! ça fait un peu brouillon, un peu non finito².
    Et de quoi ça parle au juste ? C’est qui lui ? et elle ? Où ça se passe ? quelle fontaine ? du rôti de porc aux canneberges ? quelqu’un a déjà cuisiné ça ? quelle haie de cèdre ? (Je n’en sais rien moi-même.) Puis voilà des noms de mathématiciens, de mathématiciennes qui déferlent, et… et brusquement, ça s’arrête – pouf ! – sur « cygne noir ». Voilà, c’est terminé, la bourrasque est passée. C’est tout.
    Ah au fait, un cygne noir c’est quoi ? En 1697, sur la côte ouest de l’Australie, des explorateurs néerlandais aperçurent avec étonnement des cygnes noirs. Or pour les Européens depuis bien avant qu’ils se nomment Européens, depuis Juvénal et vraisemblablement avant, pour les Européens donc, tous les cygnes étaient forcément blancs. Après cette… on ne dira pas découverte car les Aborigènes australiens avaient découvert l’Australie longtemps avant les Européens… après cette rencontre donc, le terme cygne noir en vint à désigner, dans le domaine des probabilités, un événement rare comportant trois caractéristiques principales :
    –    il est tellement improbable qu’il est perçu comme impossible;
    –    il a des conséquences démesurées;
    –    il est rétrospectivement considéré comme ayant dû être prévu.

    Cherchez des exemples, dans la grande ou la petite histoire, vous en trouverez.


1  –  « un oiseau rare sur terre comme un cygne noir »

2  –  l’expression non finito s’applique en général à des sculptures et parfois à des peintures ou dessins que l’artiste n’a pas terminés, par choix ou involontairement

jeudi 16 décembre 2021

présence

(→ dans la tempête qui nous porte, p. 60; → noce, p. 27)

    Sous le poème présence, que peut bien signifier la note de bas de page quelque peu énigmatique « avec des échos de Clair de lune de Paul Verlaine » ?

    Voici d’abord ce poème de Verlaine :
 
«                       Clair de lune

       Votre âme est un paysage choisi
       Que vont charmant masques et bergamasques
       Jouant du luth et dansant et quasi
       Tristes sous leurs déguisements fantasques.

       Tout en chantant sur le mode mineur
       Lamour vainqueur et la vie opportune
       Ils nont pas lair de croire à leur bonheur
       Et leur chanson se mêle au clair de lune,

       Au calme clair de lune triste et beau,
       Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
       Et sangloter dextase les jets deau,
       Les grands jets deau sveltes parmi les marbres.     »

    Or on peut remarquer que les huit vers de mon poème présence commencent par les mots des cinquième et sixième vers du poème de Verlaine :

«     Tout comme la cigale montre sa présence
       en chantant dans l’air bleu sa note de métal
       sur le mode […]
       mineur […]

       L’amour […]
       vainqueur […]
       et la vie […]
       opportune […]     »


   
Ce sont là les « échos» dont parle la note. 
    Mais pourquoi imbriquer les mots de ces deux vers dans un poème ? Pour le plaisir de construire sur une base existante, un peu comme dans un acrostiche¹, mais ici à partir de mots plutôt que de lettres. Et pourquoi ces deux vers en particulier ? Hé ! chanter « Lamour vainqueur et la vie opportune », quelle passionnante perspective !


1  –  acrostiche : poème ou strophe où les initiales des vers forment un ou plusieurs mots